Sophie LECOUTRE
Mazingarbe - 12 mars 1892 |
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Mazingarbe. — Un marchand ambulant, complètement inconnu dans cette commune,
étant entré samedi dans l'après-midi dans l’estaminet tenu par Mme Sophie Lecoutre,
aux Brebis, a profité de l'absence de cette dernière pour forcer le tiroir du comptoir et
enlever une somme de 20 fr.
Le Grand écho du Nord de la France, 16 mars 1892, page 3
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M. LECOUTRE
Attaque à main armée - 7 décembre 1888 |
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Avant-hier, en Seine-et-Oise, M. Lecoutre, fermier, a été arrêté sur la route
de Montainville par un individu qui se précipitait à la tête de son cheval.
D’un vigoureux coup de fouet, M. Lecoutre fit filer son cheval. Mais quelques
instants après, une balle de revolver perçait la capote de la voiture et
sifflait à l’oreille de M. Lecoutre qui ne fut pas atteint.
La Croix, 9 décembre 1888, page 3
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Montainville (78415) est une commune du département des Yvelines (anciennement Seine-et-Oise).
Qui est-ce M. Lecoutre, fermier, qui circulait sur la route de Montainville? Il est sans doute lié à Charles François LECOUTRE, meunier à Epône (78217) en 1821. |
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Charles LECOUTRE
Mort de frayeur - 27 novembre 1892 |
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Vastes Magasins détruits
Tourcoing, 27 novembre.
Le vaste magasin de déchets de laines de M. Henri Delahousse, situé rue des Carliers,
est en ce moment la proie des flammes.
Les secours ont été rapidement organisés, mais le désastre n’a pu être conjuré. Un nommé Charles Lecoutre, âgé de soixante ans, est tombé mort de frayeur. Les dégats peuvent être évalués approximativement à 125 000 francs et sont couverts par des assurances.
Le Guetteur de Saint Quentin et de l’Aisne, 29 novembre 1892, page 4
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Qui est ce Charles Lecoutre, mort de frayeur?
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Louis LECOUTRE
Perte d'un nécessaire en acajou - 4 mars 1901 |
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MEAUX
M. Lecoutre Louis, demeurant rue Saint-Faron, numéro 17, a perdu le 4 mars dans le train
venant de Lagny à Meaux, à 7 heures du soir, un nécessaire en acajou, renfermant des titres de rente,
une obligation des chemins de fer de l’Ouest, et un livret militaire.
Le rapporter au bureau de police.
Journal de Seine et Marne, 8 mars 1901, page 3
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Sauf erreur typographique, il y a donc en 1901 un Louis Lecoutre meldois*
qui habite 17 rue Saint-Faron.
*Pour ceux qui l'auraient oublié, meldois est le gentilé des habitants de 77284 Meaux**.
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Jean Baptiste Louis Joseph LECOUTRE
Explosion de grisou - octobre 1903 |
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Nous avons dit hier qu’une explosion de grisou s’était produite aux mines de Béthune.
On ignore la cause de l’explosion car le chantier est exploité depuis vingt ans et jamais on n’a relevé la moindre trace de grisou. L’explosion se produisit à 5h. 45 du matin au fond de la fosse n°2, dans une nouvelle veine qu’on était en train de boiser à l’étage de 351 mètres. Les ouvriers avertis par l’odeur caractéristique du grisou s'enfuirent ou se couchèrent à plat ventre, mais deux d’entre eux s’embarrassèrent dans des pièces de bois et ne purent se garer à temps: ce sont eux qui ont été très grièvement blessés à la tête et à la poitrine. Le premier se nomme Louis Lecoutre, 38 ans, le second Séraphin Vincent, 22 ans. Les quatre autres blessés moins grièvement sont les nommés Cailliez, 30 ans; Caron, 20 ans; Delette, 18 ans; Dufour, 28 ans. Le sous-préfet a rendu visite aux deux blessés à l’hôpital et leur a promis des secours immédiats. Vincent est célibataire, Lecoutre est marié et a un enfant de 3 ans; leur état, quoique très grave, n’est pas désespéré. La Croix, 28 octobre 1903, page 4 |
La fosse n°2 est à Bully-les-Mines.
Le blessé est Louis Joseph LECOUTRE, né le 25/04/1865 à 62563 Mazingarbe.
Il est malheureusement décédé à Béthune, des suites de ses blessures, le 1er novembre 1903.
Il est le fils naturel d'Olive Joseph LECOUTRE (née en 1834). Il épouse le 10 juin 1897 à 62563 Mazingarbe Joséphine Françoise Amandine XENARD, née en 1872 à 31555 Toulouse. Son enfant de 3 ans, dont il est question dans l'article, est Simon LECOUTRE, né le 25 décembre 1900 à 62563 Mazingarbe. Il est décédé le 27 novembre 1980 à 06088 Nice. Leur plus ancien ancêtre connu est Georges dit Josse LECOUTRE, né le 9 mars 1672 à 62126 Beuvry où il décède le 4 février 1710. |
Marie Désirée Félicie LECOUTRE
Suicide d'une jeune fille - 23 janvier 1895 |
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SUICIDE D’UNE JEUNE FILLE
Lille, 28 janvier.
On a trouvé avant-hier, asphyxiée dans sa chambre, une jeune fille de dix-huit ans,
Mlle Lecoutre, au service de M. Lambert, cultivateur à Audresselles. La malheureuse
avait allumé un tas de braises au milieu de la pièce. On suppose que la désespérée a
mis fin à ses jours par chagrin d’amour.
Le Soleil, 29 janvier 1895 page 3
Ce même communiqué a été publié dans de nombreux journaux,
par exemple L’Indépendant Rémois, 30 janvier 1895 page 3 et
Le Petit Troyen, 30 janvier 1895 page 2.
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Cette malheureuse jeune fille est Marie Désirée Félicie LECOUTRE.
Elle nait le 1er septembre 1877 à 62165 Bournonville et décède le 23 janvier à Audresselles
dans les circonstances tragiques mentionnées ci-dessus.
Selon son acte de décès elle est domestique et elle est trouvée morte à 6h30 du matin
au domicile du sieur Charles LAMBERT.
La déclaration du décès a été faite par ses voisins, Jean-Baptiste FOURCROY, garde de navigation,
et Edouard CHARLES, instituteur.
Elle est la fille de Jean-Marie Philibert LECOUTRE (1840-1909) et Modestine Félicie PRUDHOMME (1842-1913). Elle est par conséquent sœur cadette de mon arrière grand père Louis Jean-Marie Augustin LECOUTRE (1865-1955). On trouvera ci-contre son arbre de descendance de *Pierre LE COUSTRE. |
Pierre • BOULOGNE Jeanne
l Jean • FLAHAUT Nicole l Jean dit LA FONTAINE • CAUDEVELLE Marie l Jean • VASSEUR Isabelle l Philippe • POTTERIE Jeanne l Philippe Laurent • PRUVOST Marie Françoise l Jean François Marie • PERRET Marie Magdeleine Antoinette l Jean Barnabé Grégoire • LORGNIER Marie Louise Augustine l Jean Marie Philibert • PRUDHOMME Modestine Félicie l Louis Jean Marie Augustin* (1865-1955) Marie Désirée Félicie (1877-1895) Eugénie Joséphine Jeanne (1884-1958) *Mon arrière grand-père. |
Ferme de Charles LAMBERT 151 rue Alexandre Guilmart anciennement rue de l'église
Il existe toujours en 2019 |
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Raymond Maurice Alexandre LECOUTRE
Un exploiteur des anciens combattants - 1933 |
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Un exploiteur des A. C.
Il n’y a pas que dans le Cher que des individus dénués de scrupules exploitent
les victimes de la guerre, les anciens combattants, notamment.
La Dépêche du Berry, 7 juillet 1933, page 2
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Ce représentant "exploiteur" est Raymond Maurice Alexandre LECOUTRE, né le 21 août 1902 à 76259 Fécamp.
Il épouse le 11 septembre 1926 à 36031 Buzançais Marie Jeanne EYMARD, née en 1908.
Il décède le 20 juin 1986 à 19031 Brive-la-Gaillarde.
Ce normand, originaire du pays de caux maritime, a pour plus ancien ancêtre connu Raulin LECOUTRE, né vers 1590 et inhumé le 6 février 1642 à 76159 Cany. Source: Geneanet, arbre généalogique de Jean Pierre LECOUTRE (jlecoutre), 10 novembre 2019. |
Marcel LECOUTRE
Un mutilé de Dunkerque a faim - 1940 |
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Marcel Lecoutre, quartier-maître-chef à bord du « Simoun » coulé en juin
devant Dunkerque. Trois blessures… Il revient d'Angleterre, a touché Marseille
avec les prisonniers libérés du « Winnipeg ». Le voici à Paris. Il a cherché
à regagner Vauvillers, son village natal, en Haute-Saône. Mais l'accès de
cette région est actuellement interdit. Marcel Lecoutre, que la douleur
torture encore, erre dans Paris, va de ministère en ministère, d'œuvre de
bienfaisance en œuvre de bienfaisance, à la recherche d'une aide. Hier, quand
il est venu frapper à notre porte, il avait faim. Bien sûr, dans quelques mois,
ce réformé 100 touchera une pension suffisante pour subvenir à ses besoins.
Il recevra également 10.000 francs de pécule que lui doit l'Etat pour ses
services volontaires dans la marine de guerre. Mais d'ici là. Qui tendra la
main à Marcel Lecoutre? Quelle œuvre charitable voudra bien l'accueillir dans
son foyer? Nous le répétons: cet homme trois fois blessé, rescapé du
« Simoun », erre dans Paris. Il a faim.
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Paris Soir, 1 janvier 1941, page 5 |
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Nous publions récemment dans notre édition du début de l'après-midi, un appel. Un héros
de Dunkerque, rescapé du « Simoun », était venu frapper à notre porte et sa misère, son
désespoir, nous avaient semblé sincères. Après vérification, nous avions cru devoir signaler
son cas tragique à nos lecteurs.
Notre geste n'a pas été vain! Nous n'avions pas surestimé votre générosité. Moins de sept minutes après la mise en vente dans les rues de Paris de cette édition, un premier coup de téléphone nous parvenait. Et les offres charitables se succédèrent pendant un après-midi tout entier. Aujourd'hui, Marcel Lecoutre, trois fois blessé à Dunkerque, marin français revenu d'Angleterre après six mois de souffrances, a oublié la faim et le froid. Différentes organisations de bienfaisance l'ont pris à leur charge, et une haute personnalité officielle, que nous remercions ici, va lui faire remettre une avance sur son pécule d'engagé volontaire. Paris Soir, 5 janvier 1941, page 3 |
Marcel Emile Jean LECOUTRE nait le 15 octobre 1910 à 70526 Vauvillers.
Il est le fils de Auguste Joseph Juste LECOUTRE, né le 28 décembre 1884
à 70017 Anchenoncourt-et-Chazel, qui est mort pour la France le 8 août 1918 à 70550 Vesoul,
à l'hôpital complémentaire 35, des suites de blessures (voir les LECOUTRES soldats).
Marcel est "adopté par la nation" le 19 décembre 1918 et, comme son père, il combat pour la France,
et est blessé, mais lui survit à ses blessures
Il décède le 19 mai 1970 à 75019 Paris.
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Tribunal correctionnel de Troyes
Brûleur de dur. — Marcel Lecoutre, 30 ans, a pris le train sans billet.
Lecoutre qui fait défaut à l’audience se voit infliger un mois de prison et 100 francs d’amende.
Le Petit Troyen, 11 septembre 1941, page 2
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On peut penser que c'est lui qui prend le train, le dur comme on dit à l'époque,
sans billet, essayant toujours de regagner son village: Il n'en a sans doute pas fini avec ses malheurs
et n'a pas d'argent pour payer son voyage.
On ne dit plus guère "le dur" de nos jours, et cela me rajeunit car c'est ainsi que mon père André Lecoutre appelait toujours le train. Il est vraisemblable que l'expression "brûler le dur" - prendre le train sans payer son billet - a la même origine que "brûler la politesse" - partir sans dire au revoir - et sans doute que "brûler un stop, un feu rouge, etc." |
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Selon le site
Mémorial national des marins morts pour la France (8 novembre 2019),
Le Simoun est un torpilleur, construit aux chantiers de Penhoët à Saint Nazaire,
qui entre en service en décembre 1926.
Contrairement à ce qui est dit dans l'article, il survit au 2ème conflit mondial et navigue jusqu’en 1947.
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Alphonse LECOUTRE et sa mère Hélène LECOUTRE née ANDRIEU
Le triple assassinat de Locquinghen - 13 juillet 1943 |
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(De notre correspondant particulier)
LILLE, 20 Juillet.
La brigade mobile et la gendarmerie continuent sans désemparer leurs
recherches pour tenter de découvrir à Réty l'assassin de la jeune fermière du
hameau de Locquinghem, Mme Hélène Lecoutre, de sa bonne Madeleine Delattre et
du bébé de trois ans, fils de la cultivatrice.
Paris Soir, 21 juillet 1943, page 3
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Dépassant tout est humainement imaginable, le cynisme des auteurs du triple
assassinat de Locquinghem* plonge les enquêteurs dans des abîmes
d’effarement.
« Dommage, on s’amusait bien », commencèrent par ricaner les deux ouvriers carriers : Emile Mâle et Florent Masson, comme on venait de les arrêter, au cours du festin de première communion auquel ils participaient avec un entrain qui avait été remarqué. Ils précisèrent ensuite qu’il y avait un mois qu’ils attendaient l’instant favorable quand ils se décidèrent enfin à agir. De là les bruits suspects que Mme Lecoutre avait entendus à diverses reprises et qui lui avaient donné à penser que des rats couraient sous les planchers. Les bandits essayaient de pénétrer dans la maison. Un oubli propice : la barre du volet non attachée, leur permit de le faire le soir du crime. Mâle sauta à la gorge de Mlle Madeleine Delattre, l'étourdit et l’étrangla avec une longe dont il s’était muni. Masson, pendant ce temps, tuait la fermière. « Maman ! », appela soudain le bébé de quatre ans dans la pièce voisine. Les misérables l'étranglèrent à son tour avec la ceinture rouge de la robe de sa mère. « Nous avions peur qu’il ne nous reconnaisse », ont ils froidement avoué. Après avoir assemblé sur un seul lit les corps qu'ils entourèrent de papiers, de jouets et de chaises. ils arrosèrent le bûcher d’essence et y mirent le feu. On sait le reste. Au cours de la reconstitution du crime, la fureur de la population a éclaté avec une telle violence que les abominables assassins ont dû être transportés en camionnette à la prison de Boulogne où ils furent écroués en attendant le jugement et l'inévitable décapitation. Paris Soir, 27 juillet 1943,page 2 |
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Comme on peut le lire dans les articles ci-dessus,
Le triple assassinat de Locquinghen, comme l'ont appelé les journalistes,
n'a pas manqué d'alimenter la presse à sensation.
Dans dans la nuit du 13 au 14 juillet 1943, le jeune Alphonse LECOUTRE, agé de trois ans, sa mère Hélène LECOUTRE, née ANDRIEU, et la bonne Madeleine Delattre, ont été sauvagement assassinés dans la ferme dite "La Tuilerie" (La Croix, 19 juillet 1943, page 2) à Locquinghen. Les journalistes n'ont pas manqué de donner des détails sensationnels - "C'est à coups de fourche que le meurtrier abattit ses victimes", "l'enfant criait 'maman'" - qui ne semblent pas avoir été confirmés par l'enquête. D'autres détails rapportés dans la presse pourraient être exacts (Paris Soir, 19 juillet 1943, page 3): • le chien n'aboya pas; • la veille, Mme Lecoutre, avait entendu des bruits suspects, mais elle les crut causés par les rats et installa, dans la cuisine un piège qui fut retrouvé armé. |
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Locquinghen, écrit à tort Locquinghem dans l'article ci-dessus, est l'un des hameaux de Rety (62705).
Si Rety est l'orthographe officielle, localement on écrit souvent Réty.
Il existe toujours en 2019 une rue de la Tuilerie, où se situait la ferme Lecoutre. On trouve également l'orthographe thuilerie. Il y avait effectivement une tuilerie à Locquinghen (voir ci-contre). On peut voir la ferme de la tuilerie sur la carte de 1950, ainsi que sur une photo aérienne datant de cette époque, ci-dessous. |
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Hélène Marie Suzanne ANDRIEU nait le 13 mai 1914 à 62104 Bellebrune;
elle épouse le 8 février 1937 à 62105 Belle-et-Houllefort, Alphonse Henri Louis LECOUTRE (1906-1967).
Leur fils Alphonse Jean Pierre LECOUTRE nait le 15 décembre 1939 à 62705 Rety.
Ce dernier et sa mère décèdent dans dans la nuit du 13 au 14 juillet 1943 dans les circonstance tragiques relatées ci-dessus. Alphonse Henri Louis et son fils Alphonse Jean Pierre sont des descendants de *Pierre LE COUSTRE, selon l'arbre ci-contre. Alphonse Henri Louis est un petit neveu de l'abbé Paul Amédée LECOUTRE, tous deux ayant pour arrière-grands-parents Jean Claude Marie LECOUTRE et Louise Marie Sophie HECART. |
Pierre • BOULOGNE Jeanne
l Jean • FLAHAUT Nicole l Jean dit LA FONTAINE • CAUDEVELLE Marie l Jean • VASSEUR Isabelle l Philippe • POTTERIE Jeanne l Jean Claude • BOIDART Marie Marguerite l Jean Claude • MAILLIET Marie Genevièvre Pétronille l Jean Claude Marie • HECART Louise Marie Sophie l Hubert Joseph • TELLIEZ Virginie Désirée Emilie l Alphonse Pierre Louis • BONNINGUES Marie Désirée Julienne l Alphonse Henri Louis • ANDRIEU Hélène Marie Suzanne l Alphonse Jean Pierre |
On trouvera dans la sélection d'articles ci-après tous les détails de cette sordide
affaire, qui a été relatée dans la presse de la France entière.
On notera les déformations des noms propres, avec notamment ANDRIEU devenu AMIEUX, LECOUTRE transformé en LECOUSTRE et même LECOULÉ, etc. |
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L'ENQUÊTE ET L'ARRESTATION DES COUPABLES
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Après le triple
assassinat de Locquinghen
Les coupables dont le cynisme
La plupart des faits que nous avions annoncés quant au processus du triple
assassinat de Locquinghen ont été confirmés lors de l'arrestation des
coupables au cours d'aveux cyniquement prononcés et d'une absence volontaire
totale de regrets du forfait. Une attitude qui coûtera sans doute leur tête
aux deux assassins.
L’horrible scène
Male et Masson fracturèrent la fenêtre de la bonne Madeleine Delattre et le premier,
lui sautant à la gorge après l’avoir étourdie, l'étrangla froidemcnt avec une des deux longes
que les bandits avaient pris la précaution d’emporter.
Puis tous deux traversèrent la cuisine, sautèrent sur Mme Lecoutre, que Masson, à son tour, assassina sauvagement. L’enfant se mettant a appeler « maman », Masson n’eut aucune pitié et de crainte d'être reconnu, l'étrangla à son tour avec la ceinture rouge de la robe de sa maman. Dés lors, les deux bandits fouillèrent partout et s’emparèrent d’une somme de 65.000 francs environ seulement, car d’autres billets leur échappèrent. Puis désireux de faire disparaître les traces de leur forfait, ils allèrent chercher le corps de Madeleine Delattre dans sa chambre, le placèrent avec celui de l’enfant sur le lit de Mme Delattre, accumulèrent dessus chaises, papiers, jouets, etc… Masson arrosa le tout d'une bouteille d'essence qu'il avait emportée et mit le feu. Nous n'avons pas encore vu, en vingt ans de carrière fertile en enquêtes semblables, pareilles sauvagerie et cruauté, et surtout autant de cynisme de bandits ne cherchant même pas à dégager une responsabilité. Masson et Male échappèrent de peu à la fureur de la population dès que cette dernière connut les arrestations. Ils ont été transportés en camionnette à la prison de Boulogne et ont été ècrouès. Il est possible que Masson et Male aient d'autre forfaits à se reprocher.
P.M.
Le Réveil du Nord, 22 juillet 1943, page 3 |
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LE PROCÈS
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L’horrible drame de Locquinghen-Réty
devant les Assises du Pas-de-Calais ••••••••••••••••••••
Comment les bandits assassinèrent la fermière,
Le rôle de la session supplémentaire des Assises du Pas-de-Calais comprenait
pour les journées de vendredi et samedi l'affaire du triple assassinat de
Locquinghen-Rety. Ce crime, qui dépasse en cynisme et en horreur tout ce qu on
peut imaginer, avait attiré au Palais de Justice de Saint-Omer une foule assez
nombreuse qui suivit avec intérêt et une forte indignation les différentes
phases des débats.
LES FAITS
Mme Lecoustre-Andrieux, âgée de 29 ans, mère d’un bambin de trois ans,
habitait avec sa bonne Madeleine Delattre, 20 ans, une ferme au hameau de
Locquinghen, commune de Rety.
Deux domestiques travaillaient à cette exploitation, mais retournaient coucher chez eux.
Or, l'un d’eux, le jeune Lefebvre arrivait à la ferme, le 14 juillet 1943,
vers 6 h. du matin quand il aperçut de la fumée qui s’échappait d’une fenêtre.
Il alerta les voisins, M. Brunet et Mme Forestier et tous trois, après avoir
éteint le début d’incendie, arrivèrent dans la chambre de la patronne où une
vision d’horreur les attendait.
Sur le lit fumant, gisaient pêle-mêle les cadavres, noircis par le feu, de Mme
Lecoustre. de son enfant et de sa bonne., le tout surmonté d’une pyramide de
chaises, de papiers et de jouets d'enfant calcinés. Les deux femmes portaient
encore au cou les cordes qui avaient servi à les étrangler, tandis que le
bambin avait une ceinture au cou.
Le contenu des armoires gisait a terre, en désordre.
L'enquête, menée par la gendarmerie, puis par la Police Mobile, n’aboutit pas
immédiatement, et l’on craignait même de ne pas arriver a découvrir les
coupables quand un véritable coup de théâtre se produisit. En effet, la rumeur
publique accusait Mériadec Parenty, 24 ans, ouvrier agricole, mal noté,
chapardeur, violent et ivrogne. LES DEBATS
Encadrés par des gendarmes, Masson, Malle et Parenty sont amenés dans le box
des accuses.Très grand, bien proportionné, Masson doit être d’une force peu
commune. Un peu plus petit, Malle n’en paraît que plus musclé. II est évident
qu’entre leurs mains une femme n’a pu résister bien longtemps.
Parenty est de taille ordinaire. Il a une véritable figure d’ivrogne ! Toute
rouge, ornée de boutons. Des trois c’est certainement lui qui a le visage le
plus antipathique (on apprendra plus tard que c'est également lui qui est le
plus mal noté). CYNISME OU INCONSEQUENCE ?
Avec son souci habituel de faire ressortir la vérité, M le Président Gascard
procède à l'interrogatoire des accusés.
Masson et Malle n’ont plus leur belle assurance du début de l’instruction. Ils
ont au contraire adopté une attitude pleurnicharde qui va mal avec le crime
odieux dont ils ont a répondre.
M. le Président en arrive au jour du crime. Masson et Malle sont résolus à
aller voler la ferme Lecoustre où ils savent que la femme est seule avec la
bonne.
Malle demanda à Parenty d’apporter un revolver et tous trois se donnent rendez-vous. Mais celui-ci est raté. Masson décide alors d’opérer avec Malle dans la nuit du 13 au 14 Juillet. Ils se passeront de Parenty et de son revolver. Le premier demande toutefois à Malle d’apporter un couteau et une fiole d'essence. Vers 23 h. 30, tous deux se réunissent dans une pâture voisine de la ferme. Ils mettent au point les derniers détails de « l’expédition », notamment en fixant a l’avance le rôle de chacun et le sort des victimes. Pour se donner du « cœur ou ventre » ils vident un litre de vin. Ils approchent alors de la ferme, Masson tenant le couteau a la main. Le Président. — Pourquoi ce couteau ? Masson. — C’était de la prévoyance, M. le Président. Ils pénètrent dans la cour, puis dans la chambre de la bonne, dont Masson avait brisé la vitre d’une fenêtre. Malle se précipite sur la bonne et commence à l'étrangler. Pendant ce temps, Masson pénètre dans la chambre de la patronne et la rencontre au moment où elle allait en sortir. Il la saisit à la gorge et tous deux roulent à terre. Tout en serrant farouchement le cou de Mme Lecoustre, Masson, se rendant compte que son complice a des difficultés a maîtriser la bonne a encore le sinistre sang-froid de lui crier « étouffe-la ». Malle. — S’il ne m’avait pas dit ça, je me serais peut-être sauvé. Bref, les deux bandits terminent la strangulation de leurs victimes à l’aide de cordes. Masson étrangla ensuite l’enfant qui s'était réveillé. Les deux assassins vident les placards, font alors main-basse sur l’argent et les bijoux. Et c’est alors qu'avant de partir, et pour faire disparaître les traces de leur crime, ils mettent les trois cadavres sur le lit, apportant des chaises et autres objets, Masson arrose le tout d’essence et y met le feu. Une fois dehors, les deux complices se sont partagé leur butin. Le lendemain, Parenty rencontra Malle qui lui dit : « On a fait un beau coup de gangsters ! ». Masson et Malle reconnaissent tous les faits avec des détails vraiment étonnants On se demande si c’est du cynisme ou de l’inconséquence ! Le Président demande à Masson s’il n’a jamais eu de remords. Masson. — Si, de temps en temps. Le Président. — Quelques minutes avant votre arrestation, vous fredonniez encore une chanson. Masson. — C’était pour me donner du courage. Quant à Malle, interrogé sur les raisons de son acte, il se contente de dire : « je me suis laissé entraîner ». On attendra vainement un mot de regret da leur part. Parenty se défend avec acharnement. II nie être au courant de l’opération, malgré les affirmations de Masson et Malle. Parenty. — Malle m’a simplement demandé un revolver pour faire un coup à la ferme Lecoustre. Je n'en ai jamais su plus. Cependant, Malle déclare que Parenty a réclamé sa part du butin. Parenty. — Ce n’est pas vrai. Le Président. — Vous niez tout ce qui vous gêne.
Après ce laborieux interrogatoire, on entend une dizaine de témoins, dont le
docteur qui a examiné les accusés au point de vue mental et qui conclut à une
entière responsabilité.
Le Réveil du Nord, 18 septembre 1943, page 2
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LE VERDICT
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DEUX JEUNES BANDITS
TROIS FOIS ASSASSINS SONT CONDAMNES A MORT
SAINT-OMER, 19 septembre. — […] Après un sévère réquisitoire de Me Ruolt, avocat général et les plaidoiries de Mes Jean Legrand
et Martes, la peine de mort a été prononcée contre les deux assassins.
Le Matin, 20 septembre 1943, page 3
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Douai. — Les deux ouvriers carriers, Florent Masson, 18 ans, et Emile Malle,
19 ans, condamnés à mort par la cour d'assises du Pas-de-Calais, pour avoir
assassiné dans les Flandres, une fermière, son fils et sa bonne, avaient été,
en raison d’un vice de forme, renvoyés devant la cour d’assises du Nord.
Celle-ci a prononcé vendredi le même arrêt.
L'Action française, 1 février 1944, page 1
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L'ÉPILOGUE
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Trois criminels
de droit commun fusillés à DOUAI LILLE, 19 juin. — Le texte récent qui permet aux autorités judicialres de faire passer par les armes les individus promis au châtiment suprême, en raison d'un crime de droit commun, a reçu sa première application à Douai où trois jeunes bandits ont été fusillés. Il s'agit de Léon Deplette, 19 ans, garde-voie qui, en mai 1943, voulut assassiner, à coups de hache, toute la famille de M. Drevet-Mercier, à Villers-Pol et de Florent Masson, 19 ans et Emile Malle, 20 ans, qui, dans la nuit du 13 au 14 juillet 1943, assassinèrent, à Rety, une fermière Mme Lecoulé, son fils, la bonne Madeleine Delattre, puis tentèrent de faire disparaître les cadavres en mettant le feu à la ferme.
Le Matin, 20 juin 1944, page 2
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