LECOUTRE
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LE COULTRE
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LECOUSTRE
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FICTION, substantif féminin
Emprunté au latin impérial fictio "action de façonner; action de feindre"
Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, 05/10/2018
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Sur la base de cette étymologie, je considère comme fictifs:
- d'une part un LECOUTRE qui est un personnage de la littérature et a donc été "façonné;" - d'autre part une personne qui "feint" d'être un LECOUTRE en empruntant ce patronyme.
Dans les deux cas toute ressemblance
avec des LECOUTRES existants ou ayant existé est purement fortuite. |
Monsieur LECOUTRE
DE VARENNES P.J. (P. Joigneaux) (1881) - Les veillées de la ferme du Tourne-Bride, ou entretiens sur l'agriculture, l'exploitatation des produits agricoles et l'arboriculture (nouvelle édition, première édition 1868). Paris: Ch. Delagrave & G. Masson. Réimpression Paris: Hachette BNF, Collection Savoirs et Traditions: Agronomie et Agriculture, 2013. |
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L'engrais, c'est le déjeuner, le dîner et le souper des plantes; le terrain,
c'est leur table. Il faut faire avec les plantes ce que l'on fait avec ses
amis. Quand je veux inviter les miens, je demande d'abord l'avis de la
cuisinière. Elle ouvre le garde-manger, compte, pèse les vivres et me répond:
— J'ai tant d'oeufs, tant de beurre, tant de lard, tant de viande de
boucherie; vous pouvez donc, sans craindre un affront, amener cinq dix ou
douze amis; il y a de quoi garnir là table, quand même on mettrait les
rallonges, — Mais, d'autres fois, elle me répond: J'en suis bien fâchée,
il n'y a que tout juste aujourd'hui pour les gens de la maison, gardez-vous,
de nous amener des étrangers. — Eh bien, lorsque j'ai des terres à mettre
en culture, c'est-à-dire des plantes à nourrir, je m'y prends de la même
façon. Je commence par mesurer mon tas de fumier, mon tas de boues, mes
cendres, ma suie, ma fosse à purin, puis je me dis: J'ai tant de ceci, tant de
cela, tant d'autres choses encore. Or, avec ces provisions, je peux
raisonnablement nourrir quinze, vingt ou trente hectares de récoltes, plus ou
moins. Je me garde bien de dépasser le chiffre. (pages 21-22)
Les plantes ont plus de ressemblance avec les animaux qu'on ne se l'imagine, et si nous tenions compte des points de ressemblance, nous aurions moins de fautes à nous reprocher. (page 33) Tout est un bon outil pour un bon ouvrier; il n'y a jamais de mauvaise terre pour qui sait la connaître et la cultiver. La terre est comme les gens: à moins que le fonds ne manque absolument, il y a toujours quelque chose à en tirer. (pages 74-75)
M. Lecoutre
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La carrière de Pierre Joigneaux (23 décembre 1815 21534 Ruffey-lès-Beaune - 26 janvier 1892 92004 Asnières)
peut-être résumée par "représentant du peuple, agronome et publiciste républicain et socialiste".
Il a été journaliste et homme politique et a publié de nombreux ouvrages de caractère agricole.
Au momment de révolution de 1848 il est régisseur de la ferme de Quatre-Bornes, une très grande expolitation agricole près de Châtillon-sur-Seine (Côte d'or). Il entame alors une carrière politique, siègeant à l’extrême gauche à l’Assemblée constituante où il est représentant du Peuple. Sous le second Empire il est expulsé et trouve asile en Belgique où il se lie d'amitié avec un autre exilé célèbre Alexandre Dumas père. Il reprend ses études agronomiques et publie plusieurs ouvrages. En 1859 il et amnistié et retourne en France, où il est notamment député (élu en 1871) puis sénateur. |
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Les veillées de la ferme du Tourne-Bride est l'un de ses ouvrages sur l'agriculture.
Au milieu du 19ème siècle Léonard, qui était veuf avec 12 enfants à élever, vivait dans la misère à la ferme du Tourne-Bride,
aux limites des départements de l'Yonne et de la Côte-d'Or.
Comme pour les fermes voisines on en attribuait la faute au terrain accusé d'être maigre et sec.
Mais 10 années plus tard tout avait changé:
"Le père Léonard qui avait des dettes n'en a plus; les champs ont du rapport; le bétail augmente et se porte bien;
la vieille maison a une couverture neuve en tuiles rouges; etc."
C'est l'histoire de cette métamorphose que nous conte l'auteur sous forme romancée.
En 1850 quatre de ses fils et trois de ses filles vont, par l'intermédiaire de "la bonne tante Catherine" qui tient un petit restaurant à Paris, être placés chez deux fermiers, une maraîcher et un pépiniériste. Ils y apprennent l'usage de saines notions d'agriculture qu'ils exposent leur père à leur retour à la ferme du Tourne-Bride au cours de 16 veillées qui constituent autant de chapitres. Au cours des 8 premières veillées c'est Nicolas qui raconte tout ce qu'il a appris chez M. Lecoutre, un fermier des environs de Lagny*: "la science de M. Lecoutre". Il fait parler M. Lecoutre qui apparaît, sans être présent; comme le personnage principal du livre.
*Seine-et-Marne
La conclusion de l'ouvrage s'impose: "Vous devinez maintenant pourquoi la chance a tourné dans la ferme de Léonard, pourquoi
le Tourne-Bride, qui faisait pitié il y a cinq ou six ans, fait envie à présent."
A l'évidence, le personnage de M. Lecoutre porte bien son nom.
Sur le fond, je l'aisserai les tenants actuels des agricultures biologique, durable, raisonnée, intégrée, et autres, débattre de
la pertinence de l'approche de M. Lecoutre.
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Curieusement, selon l'illustration fournie par Pierre Joigneaux (page 58), la charrue à roulettes utilisée par M. Lecoutre
ne possède pas de coutre!
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Anna LECOUTRE, Françoise LECOUTRE, leur père M. LECOUTRE, et leur cousine Jeanne Maisonneuve H. (1895) - La faute de Jeanne. Paris: Plon, Nourrit et Cie. | |
Le roman La faute de Jeanne d'Henry Maisonneuve
est également paru en feuilleton dans Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine en 1904.
Ce roman, très dramatique, bien mouvementé, est une œuvre de passion sainement conçue et écrite, dont
l'action se déroule dans le beau cadre du littoral breton. Les scènes souvent poignantes y sont exposées
avec beaucoup d'art. C'est un livre captivant.
La Gazette de France, 8 octobre 1895
Un roman de la vie de province, … , dont j'aimerais à indiquer le style sobre, la sagesse d'imagination
qui comprime des tendances au mélodrame.
La Cocarde, 9 décembre 1895
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On ne trouve guère de renseignement sur Henry Maisonneuve.
Outre La faute de Jeanne, Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine
a également publié en feuilleton plusieurs de ses romans: Les scrupules de Paul (1906),
Les petites Vattier (1909), L'une ou l'autre (1910), Louisette (1911), Marquée (1913).
Citons encore les romans Madame Rivat (1893), Réhabilitée (1900), L'éternelle revanche (1904)
et deux nouvelles parues en feuilleton dans Le Figaro, La chute d'Irène (1911) et Absent (1914).
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La famille Lecoutre est au centre de l'action du roman, qui se déroule dans les Côtes d'Armor
(à l'époque les Côtes du Nord).
Elle se compose du père, dénommé Monsieur Lecoutre (M. Lecoutre), de ses deux filles Anna et Françoise, et de
sa nièce Jeanne, recueillie orpheline, qu'il considère comme sa fille adoptive. Un autre personnage principal est Frémat, qui après avoir épousé Françoise, tue un prétendant de Jeanne puis devient la maîtresse de celle-ci, d'où le titre du roman. On devine sans peine que le roman se termine par la fin dramatique des deux amants. M. Lecoutre, "la figure sévère et correcte avec son menton rasé d'ancien capitaine de frégate*," porte bien son patronyme; il apparaît comme le gardien, le custos, à la fois comme le protecteur de ses filles et comme le détenteur de valeurs morales. *L'auteur est assurément un observateur aiguisé: Peut-on en déduire qu'à cette époque les anciens capitaines de frégate n'avaient pas de barbe au menton?
Le ton est donné dès le début du roman.
Au cours d'une promenade, alors que Anna et Françoise sont à l'écart, toutes deux "en galante compagnie",
M. Lecoutre fait observer à Jeanne
"Nous sommes le groupe des gens sérieux,"
provoquant la réaction de celle-ci
"C'est pourquoi je rejoins les autres, dit Jeanne en courant." |
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Henry Maisonneuve a eu "l'honneur" d'être classé par l'Abbé Louis Bethléem (1920)
dans la même catégorie de romanciers qu'Anatole France, Théophile Gautier, Pierre Loti, Guy de Maupassant,
Prosper Mérimée, Alfred de Musset, Jules Renard, Léon Tolstoï, Alfred de Vigny, etc.
Ce prêtre catholique*, né le 7 avril 1869 à Steenwerck (Nord) et décédé le 18 aout 1940 à Perros-Guirec (Côtes-d'Armor) est une sorte de "père Fouettard de la littérature", se dressant en censeur et en défendeur de la morale. *Bethléem, nom surréaliste surtout pour un flamand d'origine, est son nom réel!
Selon lui La faute de Jeanne est un "roman à proscrire en vertu de la morale chrétienne".
Le roman contient effectivement des scènes plus que torrides, par exemple:
"Avec un trouble profond, il s'enhardit à lui caresser la chair nue et tiède du poignet, au-dessus du gant. Il pressa cette main fine; faiblement, elle répondit à son étreinte, mais aussitôt se retira."
Voici quelques extraits savoureux de la description des "romans à proscrire
en vertu de la morale chrétienne" selon l'Abbé Bethléem.
Nous rangeons dans cette catégorie tous les romanciers qui se sont érigés en
peintres ou en apologistes du mal et de l'erreur, et dont les ouvrages, parce
qu'ils distillent le doute, l'impiété ou le libertinage, sont, sinon condamnés
par la loi générale de l'"Index", au moins interdits à un grand nombre de
lecteurs par la loi naturelle et la morale chrétienne.
Et encore, cette catégorie ne vient qu'après celle des "romans à proscrire en vertu des décrets de l'Index,"
c'est-à-dire les ouvrages dont les fidèles doivent, sous peine de péché, s’interdire la lecture**.
Dans cette catégorie figurent entre autres Honoré de Balzac, Alexandre Dumas père et fils,
Gustave Flaubert, Victor Hugo, Alphonse de Lamartine, Jules Michelet, Georges Sand, Eugène Sue, Emile Zola, etc.
**L'abbé Bethléem a pourtant du les lire ou au moins s'informer sur leur contenu avant de les condamner… Bethléem L. (1920) - Romans à lire et romans à proscrire, essai de classification au point de vue moral des principaux romans et romanciers de notre époque (1800-1920) avec notes et indications pratiques***, 7ème édition. Paris: Bureaux de la Revue des lectures. ***"Opus mirificum (œuvre magnifique)"; "Une œuvre utile et nécessaire" (Pie X) Pour en savoir plus:
Mollier J.-Y. (2014) - La mise au pas des écrivains. L'impossible mission de l'abbé Bethléem au XXe siècle. Paris: Fayard.
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LECOUTRE
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LE COULTRE
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LECOUSTRE
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Narcisse LECOUTRE BRINCER R. (1921) - Un gros fainéant. Le Journal Amusant, 127, page 8. |
Narcisse LECOUTRE est "le gros fainéant" dont il est question dans le texte humoristique
publié le 15 octobre 1921 par Rodolphe Brincer.
L'action se passe dans la région parisienne, à Saint-Léger-en-Yvelines et il faudrait être
mal intentionné pour esquisser le moindre rapprochement avec les LECOUTRES du Pas-de-Calais!
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Quand Marigot recueillit chez lui Narcisse Lecoutre, le fils de sa sœeur, veuve d'un forestier,
laquelle venait de défunter fort malencontreusement, il se réjouit dans son cœur à la pensée qu'il allait pouvoir
en faire un bon ouvrier, comme il l'était lui-même, et que; lorsque l'âge et les rhumatismes
l'obligeraient à se reposer, n'ayant pas d'enfant, il lui passerait son vieux, tablier de cuir de cerf, et par ainsi,
la forge que les Marigot se léguaient de père en fils depuis plus de cent cinquante ans ne sortirait pas de la famille.
C'était sur la route de Houdan, à la sortie de Saint-Léger-en-Yvelines, que Marigot ferrait les chevaux, réparait les bicyclettes, raccommodait les charrues, forgeait les cognées, soignait les bêles malades, faisait en un mot tout ce qui concernait son métier de forgeron maréchal ferrant, mécanicien, taillandier et vétérinaire sans diplôme, et comme si tout cela n'eût pas suffit àson activité inlassable, il trouvait encore le temps de cultiver le demi-arpent de terre qui s'étalait à flanc de coteau, derrière la forge, et d'y faire pousser assez de haricots et de pommes de terre pour sa consommation hivernale. Car Marigot était un terrible abatteur de besogne, et il ne comprenait pas que l'on pût rester, comme il le disait, les deux pieds dans le même sabot. Aussi sa désolation fut-elle cruelle quand, il s'avéra que Narcisse Lecoutre, son neveu, un gros garçon d'une quinzaine d'années, apathique et endormi, ne montrait que répulsion pour le marteau et l'enclume et osait avouer, le misérable, que le métier de forgeron lui répugnait entre tous. — Tu n'es et ne seras jamais qu'un gros fainéant, proclama Marigot, et tu crèveras de faim au coin d'une borne!… Et ne compte pas sur mon héritage car j'aimerais mieux tout manger, avant de mourir, plutôt que de te laisser un sou!…
Mais la désillusion de Marigot se changea en une rouge colère, quand Narcisse finit par lui avouer que sa seule ambition était
d'aller à Paris et d'y apprendre le métier de cuisinier.
Cuisinier!… Un métier de femme!… Une profession de fainéant s'il en est une!… Avait-on idée de ça!… Son neveu voulait être cuisinier!… C'était la fin de tout… c'était l'abomination de la désolation, c'était à coup sûr le déshonneur de toute une honorable famille!… Mais si apathique et si endormi que fût ce gros garçon de Narcisse, il n'y eut pas à lutter contre son mol entêtement; il voulait être cuisinier, ce garçon, et Marigot eut beau faire et beau dire; beau tempêter et jurer, il fallait bien passer par où il en voulait. A quoi bon garder à la forge ce gros fainéant qui ne ferait jamais que de la pire besogne? et un triste jour, Marigot laissa partir son neveu, non sans l'avoir maudit copieusement, lui avoir prédit une fois de plus qu'il crèverait de faim au coin d'une borne, et l'avoir assuré très nettement, que ce jour-là, il ne faudrait pas compter sur l'oncle Marigot qui pouvait excuser toutes sortes de vices, mais qui n'aimait pas les fainéants!… Et le dépit comme la colère de Marigot furent tels que les ans ne parvinrent pas à l'apaiser; d'ailleurs, tout le pays, qui tenait Marigot en haute estime partageait son indignation, et tout àla ronde, depuis les Basses-Masures jusqu'au Chêne-Rogneux, depuis le Matz jusqu'aux Hautes et Basses-Jaunières, la réputation de Narcisse était et demeura solidement établie: c'était un gros fainéant qui ne ferait jamais rien, sinon le désespoir et déshonneur de son oncle, et quand les enfants du terroir faisaient montre de quelque paresse, les parents hochaient la tête, les gourmandaient de ces terribles paroles: — Est-ce que tu ne serais qu'un gros fainéant, comme le neveu de ce pauvre Marigot!… Ainsi lentement, Narcisse Lecoutre devenait légendaire et mythique; des ans et des ans avaient passé; le souvenir de sa ligure s'était aboli dans la mémoire des hommes mais sa réputation demeurait et se fixait dans les brumes d'une sorte de folklore villageois; la paresse de ce gros fainéant de Narcisse servait de terme de comparaison et sa personnalité avait fini par se fondre dans une façon d'entité fabuleuse et péjorative. Et voici qu'un beau jour, on apprit à Sainl-Léger-en-Yvelines que la Genétière, une superbe et somptueuse villa édifiée parmi les mélèzes, à l'angle des routes de Rambouillet et du Perray et qui depuis bien longtemps tentait les désirs des riches villégiatureurs venait d'être mise en vente et achetée par une façon de Crésus qui allait s'établir à demeure dans le pays; et voici que des voitures de déménagement déversèrent au seuil de la Genétière l'inouïsme d'un mobilier tel que de mémoire d'homme il ne s'en était vu dans les Yvelines de si opulent, et voici qu'enfin on vit descendre d'une fort puissante limousine un gros homme blondasse, à l'air apathique et endormi devant qui les vieilles gens du pays se frottèrent les yeux, murmurant: — Mais ce n'est pas Dieu possible!… On dirait, ma fine, ce gros fainéant de Narcisse Lecoutre!… Et c'était bien lui en effet, c'était bien ce mythique et légendaire Narcisse Lecoutre, qui, ayant appris à Paris le métier de cuisinier comme il en avait eu le violent désir, avait eu la bonne fortune de rencontrer sur son chemin quelque rajah indien, à moins que ce ne fût quelque roi d'Amérique, au service de qui, en moins de dix ans. il avait fait fortune. La stupéfaction des Ligerois fut profonde et sans limites, comme le ciel; ceux qui avaient connu Narcisse n'en pouvaient croire leurs yeux et se croyaient le jouet de quelque fantasmagorie inexplicable: pour les autres, ceux qui seulement avaient entendu parler de lui, ils restaient ébahis et sans voix, comme si tout à coup l'instituteur du village leur eût révélé que deux et deux ne font plus quatre et que les trois cotés d'un triangle équilatéral sont loin d'être égaux. Mais le plus stupéfait et le plus ébahi, ce fut bien, sans conteste, Marigot, bien vieilli assurément, qui tout d'abord n'avait voulu ajouter créance à ce qu'on lui rapportait, et qui se demanda s'il jouissait de tout son bon sens et n'était pas tombé malencontreusement en enfance quand son neveu, sans rancune, vint lui sauter au cou et lui présenter tous ses devoirs: — Tu n'es donc point mort de faim au coin d'une borne?… fit-il enfin, quand il put reprendre l'usage de la parole. — Vous le voyez, mon oncle!… — Et tu as fait fortune!… — Mais j'ai de quoi vivre largement de mes rentes!… — Et t'as ramassé ça en si peu de temps, alors que moi qui depuis près de cinquante ans travaille comme un mercenaire, j'ai à peine de quoi mettre un morceau de paleron dans ma marmite!… — Dame, mon oncle!… Le vieux sentait que toutes ses idées étaient bouleversées. Le village tout entier assistait à cette sensationnelle entrevue, et tous les yeux des Ligerois étaient fixés sur Marigot, comme pour lui dire: — Tout de même, si vous vous étiez trompé sur le compte de Narcisse et si nous tous nous l'avions si injustement acccusé… Mais le vieux ne voulut pas s'avouer vaincu, et plissant le nez, hochant la tête, clignant de l'œil: — Tout de même, formula-t-il, en tapotant les épaules de son neveu, faut-il que tu sois assez fainéant pour avoir choisi un métier où l'on devient rentier à trente-cinq ans à peine!… |
Rue LECOUTRE NACHVÉ I. Matthieu (2006) - Faut pas perdre le Nord… Messagerie libertine. | |
Un LECOUTRE fictif a donné son nom à une rue imaginaire dans ce poème d'un auteur qui signe
du pseudonyme Matthieu I. NACHVÉ.
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MESSAGERIE LIBERTINE
Les pantins de la rue Lecoutre sont des voisins comme les autres
Matthieu I. Nachvé,
19 septembre 2006
Faut pas perdre le Nord… Messagerie libertine, 22 octobre 2019.
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LECOUTRE
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LE COULTRE
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LECOUSTRE
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Thomas LE COULTRE Merle R. (1983) - Malevil. Paris: Gallimard, Collection Folio n° 1444. | |
Robert Merle naît à Tébessa (Algérie) le 29 août 1908
et décède à Grosrouvre (Yvelines) le 27 mars 2004. Il est connu du grand public pour son roman Week-end à Zuydcoote paru en 1949, pour lequel il a reçu le prix Goncourt. C'est en 1972 que paraît Malevil.
Une guerre atomique dévaste la planète, et dans la France détruite un
groupe de survivants s'organise en communauté sédentaire derrière les remparts
d'une forteresse. Le groupe arrivera-t-il à surmonter les dangers qui naissent
chaque jour de sa situation, de l'indiscipline de ses membres, de leurs
différences idéologiques, et surtout des bandes armées qui convoitent leurs
réserves et leur "nid crénelé"?
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"Ce texte-mémoire ouvre sur demain, sur les générations à venir, c'est un texte qui relate la renaissance
de l'humanité, la recréation d'un monde et qui, nouvelle Genèse dont on fera l'exégèse, assure le passage de
relais.*"
Watel, 2013, page 107
*Note de la boulangère: Je ne saurais pas mieux dire [Francine Vandenbrood (2018), Carnet de commande, octobre, page 3].
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Thomas LE COULTRE est peut-être avec Emmanuel, le narrateur, le personnage principal de Malville,
puisque c'est lui qui deviendra à la fin chef spirituel et chef temporel de Malevil.
Voici quelques extraits que l'on trouve dès les premières pages.
"Il avait vingt-cinq ans, il s'appelait Thomas le Coultre. Je le rencontrai
dans un bois des Sept Fayards, en blue-jean, une grosse moto Honda à côté de lui,
les genoux tachés de terre. Il donnait des petits coups de marteau sur une
pierre. J'appris qu'il faisait une thèse de troisième cycle sur des cailloux.
Je l'invitai à Malevil, lui prêtai deux ou trois fois le compteur de Geiger de
l'oncle, et quand j'appris qu'il ne se plaisait pas dans sa pension de famille
à La Roque, je lui proposai une chambre au château. Il accepta. Il ne m'a pas
quitté depuis."
"Thomas sortit un couteau rouge de sa poche, et avec la lame la plus petite, défit les vis du couvercle." "Monsieur le Coultre, poursuivit-elle en français en se tournant vers Thomas, voudriez-vous me prêter votre petit couteau?" "Thomas revint dix minutes plus tard, les écouteurs aux oreilles et le compteur de Geiger au bout du bras." |
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Si Robert Merle a appelé son personnage LE COULTRE (qu'il écrit "le Coultre"), ce n'est certainement pas par hasard.
Anne Watel, qui a soutenu en mars 2016 à l'Université Charles de Gaulle-Lille 3 une thèse de doctorat portant
sur l'œuvre de Robert Merle a bien vu que le personnage Thomas Le Coultre est un amalgame de culter
et de custos (voir l'étymologie des LECOUTRES).
"Comme son nom l'indique, Thomas le Coultre, c'est le coutre [du latin culter], le fer tranchant
fixé à l'avant du soc de la charrue.
Tranchant, il l'est, Thomas, qui ne tolère pas les 'bondieuseries' et qui, fervent athée, critique dans ses notes
'le caractère presque religieux de l'influence qu'Emmanuel exerce sur ses compagnons'"
(pages 105-106, gras ajoutés)
Watel A. (2013) - Quand ouvrir sur la fin, c'est commencer par clore… Malevil de Robert Merle.
In Fins du monde. Cahiers ERTA, no 4, Université de Gdansk, 4, 95-107.
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Selon cette analyse Thomas aurait pu, et même aurait du, s'appeler LE COUTRE
Il faut donc approfondir cette analyse pour justifier le choix de la forme LE COULTRE.
Il paraît manifeste que ce sont les horlogers JAEGER-LECOULTRE (voir la rubrique LECOULTRE LECOUTRE EN SUISSE)
qui ont inspiré Robert Merle. En prêtant à Thomas son compteur Geiger, Emmanuel crée l'assocation GEIGER-LECOULTRE.
Ce n'est certainement pas un hasard car, outre l'horlogerie, la firme JAEGER fabriquait différentes sortes de compteur,
pour mesurer la vitesse, la pression, la température d'eau, etc. Mais pas la radioactivité!
Comment faut-il prononcer "correctement" Jaeger et Geiger?
Les français, à tort ou à raison, prononcent le plus souvent
les deux noms "JéJère", rendant l'analogie d'autant plus flagrante.
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Le professeur, qui aime bien se livrer à la guéguerre des mots, trouve ici un
sujet idéal et n'a pas manqué de produire une logorrhée que l'on trouvera sans peine ailleurs.
Il y a en effet sur Internet un nombre impressionnant de sites, de forums (ou fora),
de blogs, et caetera, qui débattent de la prononciation des noms de marque de montre.
C'est que la principale difficulté pour celui qui veut porter une montre de luxe
pour montrer qu'il croit avoir réussi sa vie* est de prononcer correctement le nom de la marque.
sous peine de passer pour un ignare.
Dans le désordre, quelques noms - IWC Schaffhausen, Tag heuer, Hysek,
*****,
A. Lange & Söhne, HYT, Breitling, Grieb & Benzinger, H. Moser & Cie,
sans parler de Jaeger-LeCoultre - suffisent pour illustrer les difficultés qu'il rencontre.
On comprend que certains, au moins en France, se contentent de porter une Rolex.
*Ou celle qui veut…, mais pas une femme n'est assez pour bête cela, à part peut-être Madame [à compléter].
Encore que maintenant que les femmes occupent de hautes fonctions dans les "grandes entreprises", y compris le BTP**… |
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En résumé Thomas le Coultre est une parfaite illustration de l'étymologie des LECOUTRES,
dont rien ne semble avoir échappé à Robert Merle.
Outre sa personnalité, amalgame de culter et de custos,
il donne des coups de marteau et possède un petit couteau*, deux des sens de coutre.
En outre il a les genoux tachés de terre et fait une thèse de troisième cycle sur les cailloux.
On trouve ici la référence à la terre, un coutre ayant aussi désigné un champ cultivé (appelé encore une "couture"),
l'origine étant ici un troisième mot latin cultura.
On arrive naturellement à l'emploi métaphorique: la culture de l'esprit.
Davantage qu'un philosophe, Thomas est un scientifique: Il détient le savoir
et le cultive en faisant une thèse.
Le Coultre ou Lecoutre, la différencesur la forme est minime puisque l'un et l'autre se prononcent en principe de la même manière**. Mais finalement il est bien que Thomas ne s'appelle pas "LECOUTRE" mais "le Coultre". Sur le fond il lui manque plusieurs choses essentielles pour cela: Notamment il est incapable d'humour, c'est un urbain, beau (comme un LECOUTRE***) mais d'une beauté étrangère au monde paysan (voir Watel, page 105). Tel un LECOUTRE, Thomas présente cependant une note d'extravagance dans le contexte du roman: Il possède une grosse moto Honda. Pourquoi ce détail? Robert Merle avait-il entendu parler de MI2, ce curieux individu qui prend souvent l'apparence des LECOUTRES?
*Qu'il utilise aussi comme tournevis: c'est un couteau suisse!
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Pour clore cette rubrique Malvil a fait l'objet de deux adaptations cinématographiques.
La première pour le cinéma en 1981 par Christian de Chalonge, avec notamment Michel Serrault, Jacques Dutronc,
Jacques Villeret et Jean-Louis Trintignant,
dénature complétement le roman. Robert Merle a d'ailleurs demandé que nom ne figure pas dans le générique qui
comporte seulement la mention "inspiré librement du roman Malevil."
La seconde pour la télévision par Denis Malleval a été diffusée sur France 3 le 13 juillet 2013.
On peut dire que ces deux adaptations ont été des échecs. Mais est-ce étonnant quand on voit que le personnage de Thomas le Coultre ne figure même pas au générique dans le premier cas et y figure seulement sous le nom de Thomas dans le second cas.
Comme l'écrivait déjà Philippe Mouskés au 13ème siècle: |
LECOUTRE
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LE COULTRE
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LECOUSTRE
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La baronne de Nollays, ex-épouse LECOUSTRE MAUCLÈRE J. (1934) - Le carrefour de la Belle-Agnès. Paris: Bonne presse. | |
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Où il est question des LECOUSTRE DE LA "GALETTE DAUPHINOISE"*!
Le roman se déroule à Paris, chez la riche baronne de Nollays, ex-épouse Lecoustre,
des Lecoustre de la "Galette dauphinoise"*.
La baronne n'est certes pas ridicule (ce serait trop facile), mais elle est volontaire comme un arriviste arrivé: elle protège, elle fait de la psychologie, et ne devrait pas se tromper; elle veut marier ses filles d'une façon conforme à leur rang et àleur fortune, et par ordre d'âge. Elle organise des soirées splendides dont on voit trop le but. Et il arriverait des catastrophes si son vieux bon sens de commerçante et sa tendresse de maman authentique ne la faisaient revenir (oh! sans honte!) de ses obstinations. *Qui, sans aucun doute, fréquentaient le gratin dauphinois. |
LECOUTRE
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